Il y une semaine à peine, nous étions une quarantaine d’oblats délégués, de responsables d’oblature réunis par le Conseil du SOB pour notre rencontre nationale annuelle. Nous avons d’ailleurs constaté avec joie que ces retrouvailles se font aujourd’hui un peu plus internationales puisque nous comptions un délégué de Clervaux du Luxembourg. Cette année c’est l’abbaye Sainte Marie de la Pierre qui Vire qui nous accueillait, magnifique lieu dans la grande forêt du Morvan en Bourgogne.

Je ne vais pas, ici, faire le compte rendu de la rencontre car il paraîtra sur le site et dans la Lettre en son temps. Je voulais juste dire à quel point cette rencontre entre nos diverses oblatures est importante pour chaque abbaye représentée. Tous accueillis de la même façon, comme si chacun était le Christ en personne, avec une fraternelle joie de se retrouver ou de se rencontrer pour la première fois. Il n’y a pas ici, la moindre trace de compétition et si nous demandons parfois à l’un ou l’autre : « Il y a beaucoup d’oblats chez vous ? » Ou : « comment fonctionnez-vous ? » Ce n’est pas tant pour comparer que pour se réjouir et rendre grâces pour les belles choses qui se vivent ailleurs. Cette fraternité nous voudrions la partager avec toutes les oblatures, mais il y a encore beaucoup d’obstacles, parfois le petit nombre d’une oblature débutante ou la surcharge de nos responsables d’oblature qui portent, souvent lourdement, plusieurs casquettes dans leur monastère et sont trop débordés pour participer encore à trois jours de réunion, autant d’absence du monastère. Malheureusement nous constatons aussi l’absence d’oblats ou de frère ou sœur accompagnateurs qui ne viennent jamais et c’est une grande peine. À plus forte raison si l’on n’est pas d’accord avec la manière de fonctionner du SOB pour venir apporter son témoignage, ses aspirations, ses espérances. Si ceux-là savaient comme ils nous manquent et combien nous serions heureux de partager avec eux et de progresser dans une fraternité plus grande !

Qui que tu sois, dirait notre père saint Benoît, cours, viens ! C’est Pâques puisque nous voici réunis… !

La Pierre qui Vire, c’est un rocher ancestral qui ne voit plus virer la pierre posée là par les hasards de la nature parce que les premiers moines l’ont scellée pour éviter des pratiques magiques ou idolâtres et mieux encore l’ont christianisée en faisant d’elle le socle d’une belle Vierge gardienne du lieu.

L’abbaye fondée par le père Jean-Baptiste Muard en 1850 a vite prospéré et a pu compter jusqu’à une centaine de moines. Aujourd’hui comme nous le disait frère Luc, son père abbé, il sont une trentaine, certains bien âgés mais toujours pleins d’un bel entrain, d’un accueil irréprochable et d’une volonté de vivre, comme le disait encore saint Benoît, « du travail de leurs mains ». Production d’électricité, forestage et chauffage au bois (qui ne manque pas dans ce secteur), mise en place d’une lessive à base de cendre de bois, poterie, imprimerie d’images et peut-être encore de livres (éditions St Léger), fromage produit à la ferme et la petite dernière « La Frênette », sorte de « bière » à base de bourgeons de frêne que nous avons pu déguster sur place, légère et fraiche, extra l’été.

Une communauté priante avec des offices simples, faciles à suivre et beaux pour la gloire de Dieu, on sent bien que la liturgie est soignée mais accueillante, chaleureuse, nous nous y sommes retrouvés bien des fois durant ce week-end et elle nous a portés, élevés.

Chaque année nous faisons ainsi l’expérience d’une communauté différente où nous puisons toujours la même joie, la même beauté et tant de fruits qui se conservent longtemps dans notre mémoire et surtout dans notre prière.

Pas d’oblats ici, il y en eut autrefois, mais pourquoi pas ? La question reste pour le moment en suspens, peut-être en maturation…

Que la joie de cette rencontre, le partage de tout ce que nous y avons reçu rejaillisse dans nos oblatures respectives et enrichisse nos frères et sœurs pour un à-venir encore plus dynamique et porteur de la forte spiritualité bénédictine dont l’Europe a tant besoin.

Lisa, oblate de Chantelle